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"Sister Rosa", une chanson pour se souvenir

"Sister Rosa" est une chanson des Neville Brothers sortie sur l'album "yellow Moon" sorti en 1989.

                                                               

                                                 1 - Le contexte historique:

Cette chanson est un hommage à Rosa Park qui en 1955 à Montgomery (capitale de l'état d'Alabama aux USA)  brava l'interdit des lois ségrégationnistes dans les états du sud des USA.

 

 

 

 

 

 

 

 

Le 1er Decembre 1955, elle refusa de laisser sa place à un Blanc dans un bus: A  cette époque, à cause de lois ségrégatinistes, les voyageurs Noirs devaient laisser les places assises du devant du bus aux voyageurs Blancs.

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L'état d'Alabama aux USA

Cinq jours plus tard, la communauté Noire de Montgomeryfédérée par le pasteur Martin Luther Kingdécida de boycotter les bus de la ville.

Ce boycott dura plus d'un an et aboutit à une décision de la Cour suprême déclarant anticonstitutionnelles les lois de l'État d'Alabama imposant la ségrégation raciale dans les bus.

Images de cette lutte non violente illustrée par le chant Gospel "Oh freedom"

Cette victoire est la première de cette longue lutte non violente organisée par Martin Luther King pour que les droits inscrits dans la Déclaration d'Indépendance et la Constitution des États-Unis soient appliqués aux Afro-Américains.

Cette lutte s'inscrit dans le  " mouvement américain des droits civiques" (en anglais : Civil Rights Movement)

 

Bien d'autres combats étaient à mener pour arriver à l'égalité entre les Noirs et les Blancs aux USA.  

 

Ce combat vers l'égalité de droit entre les Noirs et les Blancs culmina avec

       la Marche sur Washington pour le travail et la liberté en 1963.

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                                                          Martin Luther King

Cette marche fut organisée par "Le mouvement américain des droits civiques" (en anglais : Civil rights movement).

 

Lors de cette manifestation, Martin Luther King prononça son célèbre discours       "I have a dream":

      Le discours "I have a dream" du pasteur Luther King en 1963 à Washington:

La chanson "We shall overcome",un gospel* datant du début du XX siècle, est devenu l'hymne de ce mouvement pour l'égalité des droits entre Noirs et Blancs.

Le "Gospel" inventé est un chant religieux pratiqué par la communauté Afro-Américaine. Ces chants sont souvent d'anciennes chansons de l'époque de l'esclavage.

Après neufs ans de lutte non-violente, une loi interdisant enfin aux Etats-Unis toute forme de discrimination basée sur la race, la couleur, le sexe, la religion ou la nationalité est votée en 1964.

                          Comment est on arrivé à ce régime ségrégationniste  aux USA ?

Au départ, il y a le commerce triangulaire, ces millions de personnes déportées de l'Afrique de l'ouest vers les USA, le Brésil pour devenir des esclaves.

La fin de la guerre de sécession aux USA entre les états du Sud et ceux du Nord (1861-1865) avec la victoire des états du Nord eu pour conséquence de mettre fin à l'esclavage en 1865.

                               Les lois Jim Crow (1876-1964):

Malgré la fin de l'esclavage, les états du Sud des USA créent les lois "Jim Crow" qui avaient pour but d'annuler la plupart des droits accordés aux anciens esclaves.

 

Ces lois avaient instauré  la ségrégation dans les lieux publics, dans les écoles , dans les transports publics. Elles existèrent surtout dans les états du sud des USA.

Les personnes Noires n'avaient pas le droit de vote, ne pouvaient pas manger dans les mêmes restaurants que les blancs,  pas aller dans les mêmes écoles, s'assoir aux mêmes places que les blancs dans les bus ou trains ni même aller dans certain quartier d'une ville, etc..

 Dans ces états ségrégationistes du sud, les personnes Noires sont aussi victimes de violences, de lynchages par des organisations terroristes et racistes comme le Ku Klux Klan.

 

Les Blancs du Sud étaient, pour la plupart, très racistes et avec la complicité de la police, n'hésitaient pas à brûler les maisons ou fermes des Noirs et à lyncher les gens.

          

En 1939, Billie Holiday, une des plus célèbre de chanteuse de jazz à cette époque, a enregistré la chanson "Strange Fruits".  C'est une puissante déclaration contre le racisme.

Cette chanson contribua à réveiller l’opinion publique afin qu'une  législation anti-lynchage soit adoptée au congrès.    

                     

                        "Strange fruit" sous titré en français chantée par Billie Holiday:

                                      2 - Les trois racines probables du Rap

 

                                   Extrait d'un film sur le Griot Peul Bara Sambarou:

1/ La musicologie prétend que la mémoire collective des Afro-américains est prépondérante dans la naissance du rap dans les années 1970 aux USA:

En Afrique de l'ouest, les griots scandaient des textes sur des musiques répétitives.

Cette façon d'interpréter des texte en musique aurait été utilisée par les gens déportés aux USA.

2/ Aux USA, cette mémoire musicale ancestrale a été transmise aux pasteurs noirs qui improvisent leur prêche en scandant un texte très syncopé et rythmé proche du chant.

                         Prêche du pasteur Elder Otis Jones en 1936:

Dans le chant Gospel "The preacher and the bear" chanté en 1937 par le "Golden Gate Quartet", les parties scandées préfigurent le phrasé syncopé du rap:

           

       "The preacher and the bear" 1937 chanté par The Golden Gate Quartet: 

Le même extrait avec l'instrumental du 1er tube de rap en 1979 "Rapper's delight"

                                                                         (Merci à SEB pour ce montage)...

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40 ans plus tard, nous retrouvons cette tradition musicale toujours dans un cadre religieux pour interpréter certains passages de gospels comme dans l'extrait ci dessous datant des années 1970:

3/ Parler sur une musique dans un contexte profane se répand en Jamaïque à partir des années 1940 pour se developper dans les années 1960. 

Dans les ghettos, chaque quartier a son "sound system": d’imposants systèmes de sonorisation mobiles équipés de puissants haut-parleurs rivalisants d'intensité avec une programmation de disques souvent secrète.  

les DJ parlent pendant la diffusion du morceau à la manière des DJ des radios américaines dans le but de faire danser l'assistance.

Sound System jamaïcain vers 1970 -
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Un de ces DJ Jamaïquain , Kool Herc, émigrera ensuite aux USA, mais nous en reparlerons plus loin...

   

   L'influence de la "funk music"de James Brown dans la naissance du rap

James Brown (1933-2006) est un des musiciens qui a le plus pressenti le rap.

Dans les années 60, son orchestre l'accompagne sur une musique répétitive alors qu'il scande des textes le plus souvent parlés.

Dans la chanson "Say It Loud I'm Black And I'm Proud" de 1968, James Brown revendique son identité.

                       "Say It Loud I'm Black And I'm Proud"  1968 James Brown:

En 1970, James Brown n'est plus à la mode, il n'est plus diffusé à la radio mais par contre est écouté  par la communauté Afro-Américaine dans le Bronx à New York.

 

Certains de ces jeunes créeront le rap quelques années plus tard en reconnaissant l'influence de la musique de James Brown dans cette naissance.

 

 

 

 

 

 

A la même époque à New York, "The last poets" scandent des textes très politisés sur des musiques répétitives. Même si ce n'est pas encore du rap, le procédé est né:

                                             The last poets "Wake up nigger" 1969:

                         3-La naissance du Rap dans le quartier du Bronx à New York

 

La naissance du rap dans le quartier du Bronx à New York coincide avec ce besoin de reconnaissance des Afros-Américains, oubliés de l'opulence économique des USA.

 

A l'époque, le Bronx est abandonné des pouvoirs publics, c'est une zone délabrée de non droit. Seuls les Afro-Américains y vivent, souvent dans la pauvreté et en subissant les gangs.

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Au milieu des années 70, Kool Herc, un immigré de la Jamaïque invente le concept de "Block party", (fêtes de rue) en utilisant des "sound system".

 Le "sound system" est connecté aux lampadaires des rues pour alimenter la sono en éléctricité.

                         Comme en Jamaïque, on y passe des "playlists" de disques.

              Enregistrement d'un "block party"dans le Bronx dans les années 1970

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  La technique du "Merry go round" utilisée par les DJ sur les platines:

  Kool Herc:

 " j'ai remarqué que les danseurs attendaient certaines parties des morceaux:  les "break ", ces courts moments sur les disques où le déroulement d'une chanson s'interrompt pour laisser la place aux seules percussions... c'est là que les danseurs se déchainaient vraiment"

Pour faire durer plus longtemps ces breaks, le DJ Kool Herc. met au point la technique du "merry go round" en utilisant deux platines pour disques vinyl.

 

Sur chaque platine il y a un exemplaire du même disque. Le principe est de passer de l'une à l'autre platine de façon à obtenir la répétition du break: Le procédé du sampling est né. 

Parallèlement, un jeune DJ "Grand wizzard Théodore" invente la technique du "scratching"elle consiste à modifier la vitesse de lecture du vinyle de façon manuelle, et produit un effet accompagné d'un son très particulier.

    

Exemple de "Merry go round" associé au "scratching" avec Grand wizzard Théodore aux platines:                                              

Très vite, dès les années 80, les DJ très populaires au début du rap (les années 1970) sont supplantés par ceux qui scandent des textes (Les MC) et qui deviendront les "chanteurs" de rap.

A cette époque a été inventé la première machine permettant de construire de la musique à partir  de courts extraits copiés à partir de disques vinyles :  La SP 1200. C'est la fin des DJ dans le rap.

   Sampler, c'est utiliser un court extrait d'une musique, le répéter en boucle,

   le juxtaposer avec d'autres extraits de musique et utiliser des boites à  rythmes pour y superposer des percussions.

                                        La SP 1200, une des premières machines à sampler 

Dans les années 1990, ce sont les chansons de James Brown qui ont été les plus utilisées pour faire des samples de rap. Entres autres, cet extrait:

5.00

                                                                            5- Deux des trois premiers tubes de rap

 

Un des premiers tube de rap à New York ayant connu un succès planétaire est "The message" (1982) de Grandmaster Flash. S'il est resté un succès commercial dans les pays non anglophones, les anglo-saxons ne pouvaient pas l'appréhender de la même façon:

                                            "The message" 1982 par Grandmaster Flash

Traduction des paroles en français:

En 2017, Donald Glover propose aux USA un rap viral, "this is america". Ce morceau nous rapelle que tout ces problèmes de société ne sont pas encore totalement réglés: 

Un clip avec beaucoup de références décryptées dans la vidéo ci dessous:

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